mercredi 2 mars 2016

Avertissement

Normalement, dans un blog, les articles les plus récents sont ceux qui apparaissent en premier, les plus anciens étant accessibles à la fin par un menu déroulant.
Par contre, pour faciliter la lecture, les articles de ce blog, maintenant terminé, sont classés par ordre chronologique.
Pour cela, les dates d'édition ont été modifiées, les articles plus anciens devenant les premiers à la lecture. Ce qui fait que la mention de bas de page "articles plus anciens" renvoie en fait aux articles suivants, plus récents.

GR 532. L'introduction de Jean-Marie Mengin.

GR 532

Traversée des Vosges
du nord au sud

(Woerth - Mulhouse)

-453 km-



Le sentier au rectangle jaune a été créé en 1942 par le Club Vosgien, conjointement avec le sentier au rectangle bleu.
Depuis 50 ans existait déjà le grand parcours vosgien balisé d'un rectangle rouge. Le besoin se manifesta de créer alors d'autres itinéraires au long cours.
Le rectangle jaune partait de Woerth, en Alsace du Nord, et se terminait à Masevaux (comme les deux autres sentiers rouge et bleu). Par la suite, il deviendra le GR 532.
Ce n'est qu'à partir de 1987 que le parcours sera prolongé d'abord jusqu'à Belfort, puis plus tard jusqu'à Mulhouse.
L'origine du GR 532 sera quant à elle modifiée après que je l'aie parcouru. Actuellement, elle se situe à Wissembourg.

Le GR 532 parcourt le massif vosgien du nord au sud puis effectue une vaste boucle entre Belfort et Mulhouse, passant par le Jura alsacien et traversant le Sundgau.

J'ai parcouru ce GR alternativement avec le GR 533 (sentier au rectangle vert), de novembre 1985 à février 1989 jusqu'à Belfort, puis de mars 1994 à septembre 1995 jusqu'à Mulhouse. C'est un parcours que j'ai effectué seul, sauf exception, comme sentier de proximité.


https://gr532gr533pns.blogspot.fr


Samedi 9 novembre 1985 : Woerth - Lembach.

Le GR 532 débute son itinéraire à Woerth, dans le Bas-Rhin, au pied des Vosges du Nord, à l'intérieur du parc naturel régional.
Une semaine après avoir terminé la première époque du GR 531, je commence à marcher à 14h45, sac à dos chargé pour le week-end.
Le sentier au rectangle jaune quitte la ville le long du ruisseau du Soultzbach, dans une prairie humide. Rejoignant la D27, il s'engage peu après dans un sentier botanique sous le couvert des arbres, non loin de la route. Il traverse la Sauer au hameau de Altmuehle et grimpe sur la colline surplombant Goersdorf, au sud du Hochwald, première chaîne des Vosges du Nord.
Je passe sous le château du Liebfrauenberg et emprunte un large chemin longeant la vallée de la Sauer.
Le temps est couvert. Je traverse toute la forêt de Goersdorf et débouche à l'entrée de Lembach, situé dans un beau vallon.
Jonction avec le GR 531 (sentier au rectangle bleu) qui dévale d'un pré. Les deux GR s'engagent ensemble dans le village. Au centre de la localité, le rectangle jaune bifurque à gauche et monte dans les vergers bordant la vallée.

Il est 17h15. La nuit qui ne va pas tarder et le temps incertain me poussent à m'arrêter. Je monte rapidement la tente dans un pré, à côté d'une haie. Cela fait, je descends au village pour boire un pot. Je mange dans un restaurant.
Je rejoins la tente vers 20h. La pluie va tomber pendant une grande partie de la nuit.

Dimanche 10 novembre 1985 : Lembach - étang de Hanau.

Je lève le camp à 8h. La pluie s'est arrêtée, mais le ciel est terne et gris.
Un large chemin empierré monte dans la forêt. J'atteins le charmant hameau de Disteldorf, niché dans une clairière. Je continue par un chemin forestier et parviens au col du Hohwart (392 m), carrefour de chemins. J'y croise à nouveau le GR 531.
Descente sous forêt dans la vallée du Steinbach.
Le GR va traverser Niedersteinbach (nombreuses maisons à colombages) puis longer la vieille route venant de Lorraine et se dirigeant vers le Rhin, jusqu'à Obersteinbach. Ce joli village au milieu des prairies et des vergers est une transition entre les architectures alsaciennes et lorraines. On y croise le GR 53 (rectangle rouge).
A la sortie du village, le GR 532 remonte sur sa rive gauche le ruisseau du Steinbach jusqu'à la maison forestière de Lutzelhardt. Il traverse le ruisseau et, non loin de la frontière allemande, grimpe sur la butte des ruines du château de Lutzelhardt. De l'autre côté de la butte, j'entame un parcours sous forêt. En cours de route, je pénètre dans le département de Moselle.
J'atteins au bord d'une route empierrée la M.F. (maison forestière) de Welschkobert, à proximité de deux étangs. La pluie, longtemps contenue, se met à tomber. Je monte alors m'abriter dans un mirador de chasseurs où je mange.

Continuant mon chemin lors d'une accalmie, je parviens au hameau de Hardt, rejoins la route de Bitche à l'entrée de Sturzelbronn. Je la quitte rapidement, traverse le vallon et gravis de l'autre côté les pentes du Muehlenberg jusqu'à un pylone. Je rejoins un col, longe les flancs de l'Abstberg et atteins un étang coincé dans un vallon boisé. Une petite chapelle veille sur ce lieu (N-D des Bois).
Il me faut encore grimper les flancs nord de l'Erbsenberg. A un col à 327 m, le sentier change de versant et, après un large détour, descend par le flanc sud pour atteindre Waldeck.
Là, sur une butte dominant la région, se campent les ruines du château de Waldeck, construction hardie, avec un donjon caractéristique.
Sentinelle avancée des seigneurs de Lichtenberg, mentionné pour la première fois en 1335, il fut rattaché au duché de Lorraine lors de l'établissement de la frontière entre les maisons de Hanau et de Lorraine en 1604. Il fut rasé en 1635 pendant la guerre de 30 ans.
Contournant la butte, je traverse le hameau. Je descends ensuite dans des prairies pour rejoindre une route forestière. Je traverse les bois, rejoins un grand parking, longe la clôture d'une aire de pique-nique et débouche sur l'étang de Hanau.
C'est le plus grand étang des Vosges du Nord (18 ha). Il est bordé d'une belle forêt abritant un immense terrain de camping. L'étang permet la baignade et le canotage. Dominé par le château de Waldeck, le paysage est romantique et plaisant. Goethe, étudiant à Strasbourg, y entraînait ses amis pour de longues promenades.
Pour l'heure, la nuit tombe. Il est 17h30. J'ai fait 30 km dans la journée. Je retrouve Viviane qui m'attend. Nous allons manger une tarte flambée dans un restaurant au bord de l'étang.

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Dimanche 29 décembre 1985 : Etang de Hanau - Baerenthal.

Je pars pour une marche dans la neige dans les Vosges du Nord.
A 11h15, je quitte Baerenthal pour rejoindre l'étang de Hanau par le col du Petit Dunkelthal.

J'emprunte, au départ de l'étang de Hanau, un chemin forestier enneigé mais damé. Je m'arrête en cours de route pour casser la croûte.
Je rejoins la RN 62 au niveau d'un transformateur, traverse la route et le passage à niveau. Je me dirige en lisière de forêt vers Philippsbourg, le long du ruisseau du Falkenstein puis de la voie ferrée. La neige a quasiment disparu. J'arrive à la gare de Philippsbourg, petit bourg détaché de l'Alsace en 1793 sous la Révolution française.
Le GR bifurque vers une chapelle, s'enfonce dans un vallon, franchit une hauteur où la neige fait une réapparition plus sérieuse et descend en pente faible dans la vallée de la Zinsel du Nord. J'arrive à Baerenthal (209 m), centre touristique, lieu de cure d'air et de repos.
Compris à l'époque carolingienne dans le Nordgau alsacien, ce village fut lui aussi détaché de l'Alsace en 1793 pour être intégré au département de la Moselle.
Il est 15h30. Je retrouve la voiture.

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Dimanche 16 février 1986 : Baerenthal - Lichtenberg.

En fin de matinée, je pars en voiture dans les Vosges du Nord près de Reipertswiller.
Par un sentier, je monte à pied dans la forêt domaniale de Hanau. Je rejoins le GR 532 qui vient de Baerenthal et que je vais suivre un moment en sens inverse avant de faire demi-tour.

En provenance de Baerenthal donc, le GR monte sous forêt et atteint un replat boisé où subsistent des restes de neige. Grimpant un petit sommet à 414 m, il s'abaisse ensuite vers la limite départementale et pénètre à nouveau en Alsace (département du Bas-Rhin).
Suivant un large chemin forestier sur le flanc de l'Ebersberg, le GR débouche sur Reipertswiller, dans la vallée du Rothbach.
Traversant le ruisseau, je grimpe à travers prés et parviens bientôt au hameau de la Picardie où je rencontre le GR 53. Les deux sentiers débouchent alors par une ancienne voie présumée romaine au milieu de Lichtenberg, centre touristique renommé, entouré de magnifiques forêts et de verdoyantes vallées. La forteresse, château du XIIe siècle, doit surtout sa célébrité à la guerre de 1870.

Je redescends alors à Reipertswiller où je retrouve la voiture à 16h10.

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Dimanche 2 mars 1986 : Lichtenberg - Wingen-sur-Moder.

Dans la matinée, parvenu en voiture à Wingen-sur-Moder, je fais de l'auto-stop jusqu'à Lichtenberg.

Je quitte Lichtenberg à 12h30 par un sentier enneigé. Il fait beau ; les oiseaux commencent à chanter, annonçant le printemps proche.
Les deux GR (jaune et rouge) rejoignent une route, longent un terrain de foot, atteignent la M.F. de Buxenberg et se séparent. Le rectangle jaune poursuit sur la route forestière puis emprunte une piste. Après un carrefour, il voisine un moment avec une route et par la suite s'engage dans la forêt sur les hauteurs.
Les chemins dégèlent, la neige fond. Il y a beaucoup de gadoue par endroit. Les mésanges sortent de la torpeur de l'hiver.

C'est la descente vers un vallon, le Fischbachthal. Contournant une colline sur un chemin forestier, je débouche dans la vallée de la Moder, près de la gare de Wingen-sur-Moder, à 15h40.

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Dimanche 16 mars 1986 : Wingen-sur-Moder - La Petite Pierre.

Aujourd'hui, je me rends à La Petite Pierre avec Alexia (11 ans). De là, nous faisons tous les deux de l'auto-stop jusqu'à Wingen-sur-Moder. 

C'est avec Alexia que je quitte Wingen-sur-Moder à 14h30.
Après la traversée du village, nous commençons à monter le long d'un chemin forestier, sous les conifères. Alexia se met rapidement à se plaindre de la fatigue !
Après un large virage, nous quittons ce chemin pour nous engager dans des friches et entrer en forêt. Le sentier va se poursuivre en montée douce dans les solitudes forestières entrecoupées des rayons d'un soleil printanier. Nous passons à côté du rocher de Zittersheim, situé sur une crête boisée surplombant le village du même nom. Le chemin, agréable, se poursuit sous le couvert. Alexia adopte un rythme de croisière.
Nous longeons le plateau du Grand Kuehberg puis atteignons une route départementale que nous côtoierons pendant 1500 mètres avant de l'emprunter. Sur la route, d'abord en forêt puis à travers des pâtures, nous nous dirigeons vers l'entrée de La Petite Pierre, siège du parc naturel régional des Vosges du Nord, où nous arrivons après trois heures de promenade.

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Dimanche 23 mars 1986 : La Petite Pierre - Oberhof.

L'après-midi, parvenu en voiture à Oberhof, hameau des Vosges du Nord, je fais de l'auto-stop jusqu'à La Petite Pierre.

Aujourd'hui le temps est pluvieux.
A 15h15, je marche, à nouveau seul, au départ de La Petite Pierre.
Le GR quitte le village vers l'ouest, par une route jusqu'au fond de la vallée. Une petite pluie se met à tomber. Le sentier grimpe sous forêt jusqu'en haut du Rocher blanc (Weisserfelsen). Juste derrière, en vis-à-vis, on aperçoit le château de La Petite Pierre.
Le chemin rejoint une route qu'il franchit ; puis il descend vers un lieu pittoresque : la fontaine du Tonnelier Jacques. La source a été captée et la fontaine est uniquement alimentée par le trop-plein. Ce lieu reposant est entouré de quatre vieux hêtres et d'un majestueux tilleul.
La pluie s'est arrêtée. Le GR se poursuit ensuite vers un fond de vallée. Il emprunte un chemin forestier qui contourne le Metzenkopf.
Après avoir traversé un ruisseau, je continue sur une route forestière qui me conduit jusqu'à l'ancienne scierie Weckenmuehle (qui était au XVIIIe siècle une huilerie). J'emprunte alors dans la vallée un chemin qui longe le ruisseau du Rehbach. De nombreux petits étangs de pêche jalonnent le parcours. J'arrive à Graufthal, village dominé par des parois de grès de 70 mètres de haut, creusées à leur base par des habitations troglodytiques (utilisées jusqu'en 1958).
Le GR s'engage maintenant dans la vallée de la Zinsel du Sud en compagnie du GR 53, le long d'un sentier humide, et arrive au hameau de Oberhof, entouré de prairies, ancienne ferme d'abbaye.
J'y retrouve la voiture à 18h.

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Dimanche 27 avril 1986 : Oberhof - Lutzelbourg.

Je prends le train pour Saverne dans la matinée. De là je fais de l'auto-stop jusqu'à Oberhof.

Aujourd'hui, il fait un temps couvert.
A midi, je m'engage dans le vallon du Nesselbach en suivant le ruisseau. Je pénètre ensuite, à la limite entre Bas-Rhin et Moselle, dans la vallée de la Haspel, bien connue autrefois comme séjour privilégié des Tziganes. Avant la guerre de 1939-45, c'était là leur grand lieu de rassemblement.
Un sentier monte entre les épicéas vers le rocher de la Bande Noire. Au pied de l'imposant rocher, des inscriptions et dessins d'une époque indéterminée... Ce lieu caché et plutôt sinistre aurait servi de refuge au début du XIVe siècle à un groupe de contrebandiers qui opérait sur la frontière du Palatinat.
Je m'arrête sous la grotte humide pour manger. Il y a un banc et une table.
Je longe ensuite une série très curieuse de cavernes et d'abris sous roche. Après dix minutes, je descends vers la Haspel que je traverse, et je me retrouve en Lorraine. Je quitte en même temps le parc naturel régional des Vosges du Nord.
Devant moi se dresse la hutte Fouquet, abri remis en état par l'ONF et le Club Vosgien, avec une source à proximité. Puis le GR monte jusqu'à Bonne-Fontaine, lieu de pèlerinage avec une chapelle (statuette « miraculeuse » et source), dans un beau cadre forestier.
Je continue dans une forêt de conifères et débouche sur le plateau lorrain, sous les remblais de l'autoroute de l'Est. Je longe cette autoroute pendant plus d'un kilomètre jusqu'à ce que je puisse passer en dessous. Par une petite route à travers champs, je rejoins la RN 4 qui pénètre dans Phalsbourg, ville de garnison où j'ai fait mon service militaire en 1970 et 1971.
A cet endroit, le plateau lorrain monte en pente douce vers le passage le plus étroit des Vosges jusqu'au col de Saverne. De l'autre côté, par contre, c'est la descente brusque vers la plaine d'Alsace.
Le GR entre au centre-ville par une ancienne porte fortifiée, puis en sort en obliquant sur une route toute droite qui mène au hameau de Trois-Maisons. Je passe devant le domicile de mes ex-beaux-parents.
Le GR atteint la lisière de la forêt et se dirige vers le rocher du Corbeau. Puis il descend en lacets vers la vallée de la Zorn, transition entre Vosges du Nord, plateau lorrain et Vosges moyennes.
J'arrive à 16h à Lutzelbourg.

De là, je fais du stop jusqu'à Saverne puis rentre en train à Strasbourg. 

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Samedi 28 juin 1986 : Lutzelbourg - plan incliné.

A 15h45, je quitte Lutzelbourg en longeant le canal de la Marne au Rhin.
Je gravis ensuite les flancs du Buchholzkopf, rejoignant au sommet une série de rochers. Le sentier redescend en bordure de la voie ferrée, le long de l'ancien passage du canal de la Marne au Rhin (avant la construction du plan incliné). Curieux spectacle : le lit vide du canal, bordé d'écluses inutiles et désaffectées dont les maisonnettes servent de résidences secondaires.
Le sentier remonte vers le plateau, passe devant la M.F. Bodenmark et va continuer vers le plateau lorrain par la forêt, le long de la route et de la voie ferrée, en direction de l'ouest. Au bout de deux kilomètres, le GR traverse la route puis la ligne de chemin de fer, un peu avant la gare de Saint-Louis. Il retourne alors en sens inverse en direction de l'est, suivant le chemin de halage du canal de la Marne au Rhin retrouvé. 
En cours de route, un couple arrive face à moi. La jeune femme marche torse nu. Quand elle m'aperçoit, elle se dépêche de se revêtir, mais un peu tard. Elle en est toute rose de confusion !

De retour vers la vallée de la Zorn, le GR 532 se retrouve à l'aplomb du plan incliné d'Arzviller-St-Louis : ascenseur à péniches remplaçant 17 écluses sur le canal de la Marne au Rhin, pour des bateaux de 350 tonnes. Le franchissement se fait en 20 minutes, au lieu d'un jour pour les 17 anciennes écluses.


Le sentier contourne ensuite le sommet de la colline, puis il entreprend par le rocher de Calice la descente vers la vallée de
la Zorn.

Par un autre sentier le long du canal, je retourne à Lutzelbourg. J'y arrive à 19h15. 

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Dimanche 6 juillet 1986 : Plan incliné - La Hoube.

L'après-midi, je me rends en voiture jusqu'à La Hoube, en Moselle. De là je fais de l'auto-stop jusque vers le plan incliné.

A 16h15, je reprends ma randonnée sur le GR, traverse le hameau de Sparsbrod puis m'engage sur une petite route dans un vallon latéral. J'emprunte ensuite un sentier qui grimpe sous forêt. Le temps couvert dégénère en pluie pour un bref moment lorsque j'arrive sur le plateau.
Je traverse le long village-rue de Hellert, perché à 490 m sur une crête dégagée. Après le village, je continue à nouveau sous le couvert de la forêt, en longeant d'assez près la route départementale menant à La Hoube. Je passe à la pierre de Saint Martin, menhir naturel, christianisé par la suite en 1750 puis utilisé comme borne frontière par l'abbaye de Marmoutier.
Le sentier passe sous les flancs du Kuhbergkopf et retrouve la route, à l'entrée des prairies où s'étend le village de La Hoube, annexe de Dabo.

Je retrouve la voiture à 18h30.

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Dimanche 13 juillet 1986 : La Hoube - M.F. du Nideck.

En fin de matinée, je pars en voiture à la M.F. du Nideck. Puis je fais de l'auto-stop jusqu'à La Hoube.

Je quitte La Hoube à 12h30 par le hameau de Zollstock.
Je monte par un sentier sous forêt jusqu'aux rochers Himbeerfels (745 m). C'est par là que je m'arrête pour manger.
Le sentier traverse ensuite une crête près du sommet du Wolfsberg et repasse en Alsace. Il descend sur l'autre versant et rejoint le GR 531. Les deux GR passent à côté d'une fontaine, le Goldbrunnen, et atteignent Obersteigen. Le rectangle jaune bifurque alors et se dirige vers la commune de Wangenbourg-Engenthal.
Après avoir longé une lisière, il traverse Engenthal-le-Haut et rejoint au carrefour du Haut de l'Escalier les sentiers au rectangle rouge (GR 53) et bleu (GR 531). Le GR 532 emprunte ou côtoie sur quatre kilomètres la route qui contourne entièrement la vaste clairière. Il atteint le fond de vallon de Wolfsthal puis grimpe en forêt. Il rejoint le carrefour des Pandours.
Depuis là, il descend vers la maison forestière du Nideck, retrouvant en cours de route le GR 531. Les trois GR se retrouvent à nouveau devant la M.F. Il est 17h30.

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Dimanche 20 juillet 1986 : M.F du Nideck - haut de Grendelbruch.

Dans la matinée, je roule jusqu'à Grendelbruch en voiture. Je reviens en auto-stop (et en partie à pied) à la M.F. du Nideck.

En face de la M.F., j'emprunte à 12h30 le sentier qui descend dans les conifères. Après un cheminement sous une belle forêt, j'atteins les ruines du château du Nideck, construit au XIIIe siècle sur des fondations plus anciennes au-dessus d'un rocher escarpé dominant de profondes forêts, célèbre par sa légende des géants du Nideck.


Je pénètre dans les ruines, grimpe sur le donjon puis poursuis mon chemin sous bois. Je m'arrête en cours de route, pour pique-niquer non loin de là.
Le sentier rejoint la route montant d'Oberhaslach, la suit un moment puis s'engage dans les genêts d'une friche et descend à la ferme Gensbourg, en bordure de la route. Il remonte en face dans les prairies, contourne le Wildberg puis les flancs du Katzenberg.
Le GR rejoint alors un large chemin forestier qu'il va suivre pendant 5 km jusqu'à Urmatt, dans la vallée de la Bruche. J'entre dans l'agglomération, croise le GR 53 et traverse la Bruche.
A partir de la M.F. Hirschbaechel, je gravis en face les pentes menant à Grendelbruch.
Au sud de la vallée de la Bruche, le grès a disparu. Le massif laisse apparaître le granite, avec des pentes relativement raides, conséquence de l'érosion de la montagne suite au relèvement du massif dans la deuxième moitié de l'ère tertiaire.

Après le mont du Hahnenberg (646 m), le GR 532 débouche sur un large plateau, dans les prairies sur le haut de Grendelbruch. J'y retrouve la voiture à 19h15, après 20 km de marche.

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Dimanche 21 septembre 1986 : Haut de Grendelbruch - Schirmeck.

Auto-stop de Schirmeck à Grendelbruch.

Journée ensoleillée. 
Le GR ne pénètre pas à Grendelbruch. Il monte de suite en forêt vers le piton du Falkenstein, à 688 mètres d'altitude puis redescend vers une route.
A partir de là, je m'engage à travers les prairies, longe une lisière, pénètre en forêt et suis à peu près horizontalement une courbe de niveau. J'atteins un col, le Müllerplatz. Je continue, toujours à flanc de montagne, passe à côté d'un abri forestier puis atteins bientôt l'ancien camp de concentration du Struthof, installé par les nazis pendant la période d'annexion allemande (1941-1944).
Le sentier passe en contrebas du camp, le long des barbelés, puis rejoint la route.
Jonction avec le sentier Mer du Nord - Méditerranée (GR 5 / E2). Coupant les lacets, j'atteins l'ancienne chambre à gaz du camp, où furent exterminées 30 000 victimes. 


Débouchant dans les pâtures où paissent des troupeaux, je m'arrête pour boire un pot à la terrasse d'une auberge ; puis j'emprunte un sentier qui, passant par les Roches Blanches, descend à nouveau dans la vallée de
la Bruche, à Schirmeck, où j'arrive à 18h45.

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Mardi 11 novembre 1986 : Schirmeck - col du Hantz.

Auto-stop du col du Hantz jusqu'à Schirmeck.

Il est 10h45. Belle journée ensoleillée. 
Le GR 532, quittant la ville de Schirmeck, passe à nouveau sur la rive gauche de la Bruche, à La Broque, et gravit la côte de Fréconrupt.
Après la traversée de ce hameau, il emprunte un large chemin forestier qui mène à Salm, dans une vaste clairière avec d'anciennes fermes dispersées dans les prés. Salm, annexe de La Broque, a été fondée par des Mennonites suisses.
Deux cent mètres après, une petite route me conduit à la M.F. de Salm. Je grimpe alors en lacets raides jusque sur une plate-forme, prolongement nord de la crête où se situe la ruine du château de Salm (809 m).
Berceau de la famille de Salm, originaire des Ardennes (cf. GR 5), ce château fut construit vers 1190. En 1623, le comte de Salm fut élevé à la dignité de prince du Saint Empire, d'où le nom de la principauté de Salm dont Senones, aujourd'hui dans les Vosges, fut la capitale. Ce château fut détruit à la fin du XVIIe siècle. La principauté fut réunie à la France en 1793.


Je poursuis mon chemin à travers une petite lande de bruyères et de myrtilles. Je contourne ensuite, par le nez de la montagne,
la Tête Pelée.
Je grimpe alors par un sentier en zigzag à la Chatte Pendue, ou Katzenstein (900 m). C'est un magnifique groupe de rochers escarpés offrant une belle vue étendue. L'appellation, selon toute vraisemblance, est erronée : la roche s'appelle en patois vosgien "hatte padaie" (= pierre haut pendue). La prononciation gutturale des habitants a pu faire croire qu'ils disaient "chatte". Plus tard, on a traduit par le mot "Katzenstein".
Le GR se poursuit sur la hauteur, à flanc, et atteint bientôt la crête entre le Bas-Rhin et le département des Vosges. Il va maintenant suivre cette crête, ancienne frontière, pendant quatre kilomètres. Puis il attaque la descente et débouche dans les friches au col du Hantz (641 m), sur la route départementale reliant la vallée de la Bruche et le val de Senones.

J'arrive à 16h10 à l'auberge du col où je vais manger une tarte aux myrtilles, avant de repartir en voiture.

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Samedi 29 novembre 1986 : Col du Hantz - Climont.

Du col du Hantz où m’a emmené Viviane, je démarre à 11h45 pour une marche en montagne jusqu'à demain. C'est une journée de grand beau temps. La végétation est blanche de givre.
Quittant la crête départementale, le GR se dirige vers l'est par la route, côté alsacien. Il emprunte ensuite un large chemin jusqu'à un carrefour forestier.
Je m'arrête pour manger. Je descends ensuite vers la vaste clairière de Saulxures. Les belles enluminures givrées sur les arbres ont disparu sous l'effet du soleil et de la baisse d'altitude. Je traverse complètement ce village francophone de la haute vallée de la Bruche, aux grosses maisons vosgiennes de pierre qui n'ont plus rien d'alsacien.
Je poursuis sur les flancs, remontant la vallée parallèlement à la Bruche. Franchissant le vallon latéral du ruisseau de Grandroué, j'arrive bientôt dans les prairies de Bourg-Bruche. Je traverse d'abord le hameau de Bourg pour descendre couper la RN 420 qui monte vers le col de Saales.
Je traverse la Bruche, passe sous la voie ferrée Strasbourg - St-Dié puis continue en face. Je franchis ensuite le ruisseau de l'Evreuil et monte en direction du Climont dont on aperçoit au loin la forme trapézoïdale qui se détache à l'horizon.
Arrivé au pied du Climont, je le contourne par le sud. Je passe à côté de la source de la Bruche. Puis, dans une forêt de beaux sapins pectinés, je retrouve la limite entre le Bas-Rhin et les Vosges. Je m'en écarte à hauteur des fermes du Climont, hameau avec des chalets éparpillés autour de la petite église protestante, à flanc de montagne. Je croise le GR 531 qui, lui, va continuer sur la crête.

J'atteins un col dans les prairies. Il est 16h. Je décide de bivouaquer ici, dans les prés, non loin d'une ferme-auberge que j'aperçois quelques cent mètres plus loin.
J'installe mon campement. Quand la nuit tombe, vers 17h, je me rends à la ferme-auberge. Je bois un pot en attendant l'heure du repas. Puis je mange sur place. L'aubergiste me demande si je dors chez lui. Je lui explique que non, je dors sous la tente. « Vous êtes fou, il gèle ! » « Oui je sais. Mais j'ai de bons sacs de couchage ! » Finalement il me laisse une clef de l'auberge, me montre une chambre pour le cas où j'aurais trop froid. Merci beaucoup, c'est sympa !
Je rentre me coucher sous la tente vers 21h30.


Dimanche 30 novembre 1986 : Climont - Villé.

En  fait,  je n'aurai  pas  besoin  de me réfugier à la ferme-auberge.  Il fera  effectivement très froid cette nuit (- 7°). Mais les sacs de couchage seront suffisants.
Quand je me lève, vers 7h30, la toile est givrée, dure comme du carton. J'allume mon réchaud à gaz sous la tente pour sortir du sac et prendre le petit déjeuner. Se faisant, la toile dégèle. Je vais pouvoir la replier, quitte à la faire sécher plus tard.
Je me mets en route à 8h40, après avoir rapporté la clef à la ferme-auberge. Tout le monde dort encore...

Le GR 532 monte en forêt, contourne le Mont, descend vers un col et atteint un beau point de vue sur le val de Villé. Le trajet s'effectue en forêt, sous un beau soleil qui dégivre la végétation et me permet de faire sécher la tente. D'alertes sexagénaires du Club Vosgien montent en sens inverse. Le GR se poursuit ensuite sur une crête à une altitude de 600 m environ, en un sentier étroit à travers des landes buissonnantes. La vue est splendide sur le val de Villé.
Puis c'est la descente vers le col du Banc du Forestier. Contournant le Scheiberberg, le sentier dévale vers la vallée. J'arrive à 12h15 à Villé, où je retrouve Viviane qui m'attend.

Nous allons manger dans un restaurant en ville.

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Dimanche 26 avril 1987 : Villé - Frankenbourg.

Je suis en congé.
L'après-midi, je pars de Strasbourg en train, en bus, en stop et enfin à pied rejoindre le GR 532, à 15h, près de Villé, pour trois jours de marche.

Le GR, provenant de Villé, traverse des prairies, rejoint le village de Breitenau et s'enfonce dans un vallon étroit. A hauteur d'une chapelle, le sentier gravit brusquement le versant est en lacets raides. Sur les hauteurs, j'arrive devant une série de rochers remarquables, quelque peu inquiétants. Je contourne ensuite le vallon à mi-pente, change de versant et grimpe à la Roche des Fées (754 m) : amoncellement gigantesque de rochers dont l'un forme une vaste grotte, alors que d'autres épousent la silhouette de monstres fabuleux.
Longeant les flancs du Jungwald, le GR atteint en 3 km un col au pied des ruines du château du Frankenbourg.
Comme l'étrave d'un fantastique bateau, la ruine du château semble se frayer un chemin dans la brume montante.

Il est 18h. Je dresse la tente sur une terrasse herbeuse. Je mange à l’extérieur, assis devant la tente. A la tombée de la nuit, je traîne dans les environs puis je rentre me coucher. Un chevreuil se fait entendre non loin de là, sans doute surpris par ma présence.


Lundi 27 avril 1987 : Frankenbourg - Pierre des trois bans.

Au matin, je gravis le Schlossberg, la hauteur qui porte le château du Frankenbourg. Dominant l'entrée des vallées de Lièpvre et de Villé, ses pentes à l'est, au sud et au nord sont abruptes. Il ne reste que le versant ouest qui soit praticable. Il monte en forte pente depuis le col.
Un ancien mur en pierres sèches ceinture tout le Schlossberg, intégrant les rochers alentour pour se perdre dans les éboulis du côté nord. Un peu plus haut vers le sommet, un deuxième mur encore bien conservé utilise un ressaut naturel. Il use de la même technique d'assemblage avec des joints en bois de chêne en forme de queue d'aronde que le Mur païen du Mont Ste-Odile (environ 1000 avant J-C dans sa première phase). Au sommet, le plateau est occupé par la construction médiévale du château avec son donjon. Les constructeurs du Moyen Age ont récupéré sur place les matériaux antiques pour les réutiliser ici.


Après la visite des ruines, je poursuis mon chemin sur le flanc sud du Jungwald. Le GR pénètre dans le département du Haut-Rhin et grimpe sur la plate-forme rocheuse du
Châlmont. D'ici la vue plonge sur la vallée de la Lièpvrette. Le socle rocheux est percé de quatre cupules, dont deux d'entre elles possèdent un déversoir qui se jette dans le vide. A côté d'une d'elles, une marque de fer à cheval est empreinte dans le grès. Si, à l'origine, la formation de ces cupules est naturelle, il ne fait guère de doute que les hommes les ont creusées plus profondément. Mais leur utilisation nous échappe toujours.
J’entreprends ensuite la descente dans la vallée. Je traverse la bourgade de Lièpvre et remonte de l'autre côté du val.
J'atteins le massif du Taennchel (massif gréseux couronné d'importantes formations rocheuses imposantes : 1000 ha protégés et classés en zone de silence et de tranquillité). Arrivé au carrefour Rotzel (729 m), j'emprunte un chemin qui décrit une grande boucle dans les épicéas et mélèzes. Le sentier monte par une sapinière à la petite fontaine du Losbrunnen. Il poursuit sa grimpée, rejoint la muraille foncée des grands sapins, atteint après quelques lacets le Rocher des Géants ou Hochfelsen (969 m). A ce lieu se rattache la légende du Pont des fées : l'ouvrage des fées enjambait le val de Lièpvre en provenance du Châlmont.
Le sentier continue sur la crête du Taennchel, passe au rocher de la Petite Fée, au rocher des Reptiles et au carrefour du Rammelfelsen. Là le GR contourne les formations gréseuses du Ramelstein par le flanc sud et se poursuit jusqu'au col du Haut de Ribeauvillé.
Après le Taennchel, le GR 532 atteint maintenant la partie cristalline des Hautes Vosges. Il contourne encore deux sommets avant d'arriver au-dessus de la colonie de vacances d'Adelspach. Il se poursuit à flanc, à une altitude de 950 m environ, sur un chemin forestier. Puis il grimpe ensuite jusqu'à la Pierre des trois bans (1128 m), limite des bans communaux d'Aubure, Fréland, Ste-Marie. Ici s'opère la jonction avec le GR 5. C'est une crête forestière, exposée au vent.

Je décide de camper à cet endroit, à la lisière d'une forêt de conifères. Je monte la tente, mange dehors mais ne m'attarde pas. Le soleil disparaissant, le vent s'empare du lieu.
Comme il ne fait pas chaud, et la fatigue aidant (27 km de marche), je me glisse dans mon sac de couchage. Le vent va souffler toute la nuit. Pas de raison de craindre le moindre bruit insolite !


Mardi 28 avril 1987 : Pierre des trois bans - Le Bonhomme.

Je reprends mon chemin au matin. Avec le vent de la nuit, la tente est sèche.
Les deux GR cheminent sur une crête, contournent le Rehberg puis se séparent. Le GR 5 monte vers le sommet du Grand Brézouard tandis que le GR 532 le contourne par son flanc est.
J'arrive à un col, le Plat (1025 m). Je poursuis en forêt puis, dans un grand lacet, je débouche près de la première ferme de Faurupt. Les prairies sont en fleurs, le soleil brille. 
Je continue en lisière puis descends vers le fond du vallon qui par une petite route mène au Bonhomme (village situé dans la montée du col du Bonhomme entre Colmar et St-Dié).
Vers 13h, je vais manger dans un petit restaurant sympathique. 

Je rentre ensuite à Strasbourg en bus et en train.

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Vendredi 8 mai 1987 : Le Bonhomme - cimetière Duchêne.

Jour férié. C'est avec mon frère Pierre et ma belle-sœur Sylvie que je commence à marcher dans la matinée, au départ du Bonhomme.
Le GR 532 monte en compagnie du GR 5 à travers prés, surplombant le village. Puis le rectangle jaune s'éloigne seul et monte le long des flancs ouest de la Tête des Faux, d'abord à travers genêts et genévriers puis dans une forêt de conifères.


Nous atteignons le carrefour Duchêne, cimetière militaire français, où passe également le GR 5. C'est à proximité de là, sur des troncs d'arbres abattus en bord de chemin que nous nous arrêtons pour manger.


Dans l'après-midi, retour vers le Bonhomme par la Tête des Faux en empruntant le GR 5.

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Dimanche 21 juin 1987 : Cimetière Duchêne -Lac Blanc.

L'après-midi, balade en montagne au départ du calvaire du Lac Blanc.
Je rejoins mon sentier par le GR 5. 

Depuis le cimetière Duchêne, le GR 532 grimpe vers la Tête des Immerlins (1215 m), chemine dans la rocaille et la hêtraie d'altitude et remonte vers la Petite Tête des Immerlins (1201 m), avant de descendre vers le calvaire du Lac Blanc où il retrouve le GR 5 et le GR 531.
Les pensées des Vosges fleurissent sur les pâturages. 
Avec le rectangle bleu, le GR suit la départementale pendant quelques centaines de mètres. Le rectangle jaune plonge alors vers le Lac Blanc par le sentier Freppel et débouche dans une végétation luxuriante de couloir d'avalanche : la mégaphorbiaie.
Longeant la rive droite du lac, le sentier rejoint la route  et le parking du Lac Blanc.
Le Lac Blanc(1055 m), au verrou granitique naturel, est situé dans un cadre splendide, avec ses forêts de sapins, ses rochers abrupts et ses moraines, attestant de l'existence d'anciens glaciers.
Le nom du lac doit provenir des sables clairs et des rochers dont la base est blanchie par les eaux.

Je rejoins ensuite le calvaire du Lac Blanc où je retrouve la voiture.

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Dimanche 5 juillet 1987 : Lac Blanc - col du Wettstein.

Dans la matinée, je pars en voiture avec Caroline (10 ans) jusqu'au col du Wettstein. De là, nous rejoignons en auto-stop le Lac Blanc. 

Caroline et moi quittons les abords du Lac Blanc à midi.
Nous nous engageons sous le flanc est du Reisberg dans un joli sentier de randonnée, le sentier Cornelius. Il traverse une belle forêt d'épicéas où l'on respire la forte odeur des résineux.
Nous nous arrêtons pour pique-niquer en cours de route.
Le sentier débouche ensuite devant le Lac Noir (950 m). Logé dans un cirque glaciaire d'une âpre et sauvage beauté, il tient son nom de la couleur de l'eau due au fond tourbeux.
Le Lac Noir est séparé du Lac Blanc par l'arête rocheuse du Reisberg, percée par une conduite reliant les deux lacs. L'eau du Lac Noir est refoulée par les pompes dans le Lac Blanc, et l'eau accumulée redescend pour alimenter les turbines de la centrale électrique du Lac Noir.


Après le lac, nous empruntons le sentier des Trois Pays. Tout au long du chemin, nous bénéficions d'une vue imprenable sur la vallée d'Orbey.
Aux chaumes de Riedmatten, nous longeons des pâturages humides où pousse la linaigrette de Scheuchzer, amusante fleur dont les houppes blanches soyeuses sont visibles de fort loin. Les mares et lits de ruisseaux pauvres en calcaire sont bordés de ces fleurs de juin à août.
Nous passons au-dessus du hameau des Hautes Huttes puis descendons en lisière d'une forêt de résineux vers le col du Wettstein, où nous arrivons à 15h.
A côté de ce col, se situe un cimetière militaire français où reposent les victimes des batailles du Linge.

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Dimanche 2 août 1987 : Col du Wettstein - auberge Glasborn.

L'après-midi, Viviane, Caroline et moi faisons une petite balade sous la pluie au départ du col du Wettstein. Cela nous permettra de tester les nouvelles chaussures de marche de Viviane.
Nous cheminons sous une forêt de pins par les pentes sud-ouest du Hurlin. Sortant de la forêt, nous débouchons dans les pâturages de la ferme-auberge Glasborn : deux fermes situées au pied du Schratzmaennele enveloppé dans la fourrure sombre de ses sapins. 


Nous retournons alors à notre point de départ par le même chemin.

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Dimanche 1er novembre 1987 : Auberge Glasborn - Turckheim.

Arrivé dans la matinée en voiture à Turckheim, je monte en auto-stop vers le col du Wettstein.

Je commence à marcher à partir de midi au départ de l'auberge Glasborn.
Après les pâturages, je monte dans la forêt, au milieu d'un terrain encore bouleversé par les tranchées et quelques points de fortifications, vestiges de la Première Guerre mondiale. J'atteins le sommet du Schratzmaennele (1040 m), enjeu de terribles combats en 1915, et ligne de front jusqu'en 1918.
Les Schratzmaennele, lutins mal famés dans la vallée de Munster, séjournent en ce lieu et pénètrent la nuit dans les métairies isolées.
En face, une petite descente m'attend dans une forêt au parterre de myrtilles, bruyères et fougères. J'atteins le col du Baerenstall, près d'un cimetière militaire allemand, où je rencontre le GR 531. Lorsque les sentiers se séparent, je continue tout droit dans la forêt du Kuhberg, à peu près sur la crête. Je rejoins le lieu-dit la Croix de Wihr, monument sur une route départementale de forêt.
Je m'arrête pour manger aux alentours de la croix.


Je m'engage ensuite dans le chemin contournant la butte des ruines du Grand Hohnack et retrouve la route à l'entrée d'un hameau. Coupant plusieurs fois la route du Linge, le GR surplombe le hameau de Giragoutte puis rejoint l'ancienne M.F. Obschel, auberge joliment située dans
la forêt. Il chemine ensuite sous la voûte verte des conifères, débouche sur la clairière du Meyerhof et son ancienne ferme. Il emprunte alors le « sentier Louise », en altitude constante dans les conifères et rejoint la station des Trois-Epis, à 659 m d'altitude.
Avec ses maisons de repos, ses hôtels et pensions, c'est une des stations d'été des Vosges les plus fréquentées. Je débouche au milieu des foules motorisées. Un agréable soleil d'automne éclaire le lieu, avec une vue grandiose sur la plaine d'Alsace et l'entrée de la vallée de Munster. Il y a beaucoup de personnes âgées qui se promènent.
Pressé de retrouver le calme, j'emprunte un moment la route en lacets. Le sentier descend sur les flancs de la montagne, rejoint une petite route qui débouche dans des vergers et des vignes.

Il est 16h15. Je pénètre ainsi à Turckheim, sur la Fecht, au débouché de la vallée de Munster : jolie ville viticole alsacienne, enserrée dans ses remparts médiévaux.


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