mercredi 2 mars 2016

Lundi 27 avril 1987 : Frankenbourg - Pierre des trois bans.

Au matin, je gravis le Schlossberg, la hauteur qui porte le château du Frankenbourg. Dominant l'entrée des vallées de Lièpvre et de Villé, ses pentes à l'est, au sud et au nord sont abruptes. Il ne reste que le versant ouest qui soit praticable. Il monte en forte pente depuis le col.
Un ancien mur en pierres sèches ceinture tout le Schlossberg, intégrant les rochers alentour pour se perdre dans les éboulis du côté nord. Un peu plus haut vers le sommet, un deuxième mur encore bien conservé utilise un ressaut naturel. Il use de la même technique d'assemblage avec des joints en bois de chêne en forme de queue d'aronde que le Mur païen du Mont Ste-Odile (environ 1000 avant J-C dans sa première phase). Au sommet, le plateau est occupé par la construction médiévale du château avec son donjon. Les constructeurs du Moyen Age ont récupéré sur place les matériaux antiques pour les réutiliser ici.


Après la visite des ruines, je poursuis mon chemin sur le flanc sud du Jungwald. Le GR pénètre dans le département du Haut-Rhin et grimpe sur la plate-forme rocheuse du
Châlmont. D'ici la vue plonge sur la vallée de la Lièpvrette. Le socle rocheux est percé de quatre cupules, dont deux d'entre elles possèdent un déversoir qui se jette dans le vide. A côté d'une d'elles, une marque de fer à cheval est empreinte dans le grès. Si, à l'origine, la formation de ces cupules est naturelle, il ne fait guère de doute que les hommes les ont creusées plus profondément. Mais leur utilisation nous échappe toujours.
J’entreprends ensuite la descente dans la vallée. Je traverse la bourgade de Lièpvre et remonte de l'autre côté du val.
J'atteins le massif du Taennchel (massif gréseux couronné d'importantes formations rocheuses imposantes : 1000 ha protégés et classés en zone de silence et de tranquillité). Arrivé au carrefour Rotzel (729 m), j'emprunte un chemin qui décrit une grande boucle dans les épicéas et mélèzes. Le sentier monte par une sapinière à la petite fontaine du Losbrunnen. Il poursuit sa grimpée, rejoint la muraille foncée des grands sapins, atteint après quelques lacets le Rocher des Géants ou Hochfelsen (969 m). A ce lieu se rattache la légende du Pont des fées : l'ouvrage des fées enjambait le val de Lièpvre en provenance du Châlmont.
Le sentier continue sur la crête du Taennchel, passe au rocher de la Petite Fée, au rocher des Reptiles et au carrefour du Rammelfelsen. Là le GR contourne les formations gréseuses du Ramelstein par le flanc sud et se poursuit jusqu'au col du Haut de Ribeauvillé.
Après le Taennchel, le GR 532 atteint maintenant la partie cristalline des Hautes Vosges. Il contourne encore deux sommets avant d'arriver au-dessus de la colonie de vacances d'Adelspach. Il se poursuit à flanc, à une altitude de 950 m environ, sur un chemin forestier. Puis il grimpe ensuite jusqu'à la Pierre des trois bans (1128 m), limite des bans communaux d'Aubure, Fréland, Ste-Marie. Ici s'opère la jonction avec le GR 5. C'est une crête forestière, exposée au vent.

Je décide de camper à cet endroit, à la lisière d'une forêt de conifères. Je monte la tente, mange dehors mais ne m'attarde pas. Le soleil disparaissant, le vent s'empare du lieu.
Comme il ne fait pas chaud, et la fatigue aidant (27 km de marche), je me glisse dans mon sac de couchage. Le vent va souffler toute la nuit. Pas de raison de craindre le moindre bruit insolite !


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