Au
matin, je me rends à pied au village de Ventron pour chercher du pain et une
cartouche de gaz pour le réchaud en panne. J'observe le manège de deux
corneilles qui s'évertuent à chasser une
buse de leur territoire. Après plusieurs essais infructueux, la buse s'éloigne,
poursuivie à coup de becs par les deux corneilles.
Ventron
est un joli village, aux fermes éparpillées sur les flancs de la montagne.
Après
le petit déjeuner, les tentes repliées, nous démarrons à 10h.
Nous
montons vivement à travers bois, débouchons près des trois anciennes fermes du
Riant. Nous atteignons le Haut du Riant. Les pâtures tournent à l'état sauvage
et sont envahies par les genêts et les bruyères. Le chemin se rétrécit, bordé de
noisetiers.
Continuant
à monter, nous arrivons au sommet du téléski du Frère Joseph (1065 m ). A nos pieds,
l'ermitage du Frère Joseph. Un grand toit abritant une maison basse, surmonté
d'un clocher : la chapelle où habitait au XVIIIe siècle un ermite.
Restant
sur la crête de ce plateau solitaire, dans une belle forêt de hêtres truffée de
quelques sapins vosgiens au vert foncé, le GR atteint Forgoutte (1009 m ). Quelques pas plus
loin, se dissimule dans les résineux la croix du Frère Joseph. Nous passons
près d'une ancienne mine de cuivre où subsiste une petite galerie.
Nous
continuons sur une crête vers le sud-ouest puis amorçons notre descente. Nous
rejoignons une route pour atteindre les premières maisons de Larcenaire, hameau
surplombant Bussang : petite cité, centre de tourisme d'été et
d'hiver sous le col éponyme, près de la source de la Moselle.
Nous
ne descendons pas en ville. La route passe près d'une auberge. On la quitte
pour emprunter un chemin qui suit la courbe de niveau. On atteint à 18h30 une ferme.
Apercevant
notre petite famille et les filles chargées, une vieille dame nous salue avec
un bel accent vosgien : « vous v'là ben guêtrés ! » On lui demande
alors si on peut s'arrêter près de chez elle pour passer la nuit. Elle nous
indique un replat herbeux où nous pouvons monter les tentes. Son troupeau de
chèvres tourne autour de nous, donnant quelques coups de cornes indignés aux
filles intimidées.
Nous
installons le campement. Caroline et Audrey s'amusent à se faire peur pour la
nuit. « Les chèvres, c'est pas méchant ? » Elles s'endormiront quand
même...
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